Séminaire transversal organisé par l'équipe thématique APOGEE

Jeudi 12 mai 2022, dans le cadre du séminaire transversal du CEREGE organisé par la thématique APOGEE, nous aurons le plaisir d’accueillir Ariel EGGRICKX, MCF – HDR, Université de Montpellier, Conseillère scientifique HCERES, qui interviendra sur le thème: Complexité et outils de gestion.

 

Biographie:
Ariel Eggrickx est maître de conférences HDR depuis 1999 à l’Université de Montpellier, membre de Montpellier Recherche en Management (MRM), et diplômée de l’expertise comptable avec une expérience de plus de 15 ans en audit. Elle a impulsé et dirigé l’axe de recherche transversal Santé de MRM (2013/2019) et depuis 2018, elle est conseillère scientifique au Haut Conseil de l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (Hcéres).
Ses recherches sur les interactions comme lieux d’exercice du contrôle dans les organisations publiques mettent en évidence les paradoxes du contrôle : un « plus » de contrôle générant un
« moins » de contrôle alors qu’un contrôle « flou » génère un « plus » de contrôle. Ses travaux explorent l’impact des réformes à l’heure du New Public Management (Loi organique relative à la loi de finances – LOLF, hôpitaux, universités), la dynamique des réseaux d’organisations publiques et privées et leur performance (réseau d’entreprises, insertion par l’économique, pôle d’excellence rurale). Les thèses dirigées explorent les pistes pour dépasser les impasses du contrôle de gestion : outils de gestion « objets frontière » ou « médiateurs » du changement, bricolage collectif pour favoriser l’appropriation des systèmes de gestion intégrée (ERP/PGI).

 

Résumé de l’intervention: Complexité et outils de gestion

Comme le souligne Philipe Lorino (1995), le paradigme du contrôle basé sur des hypothèses de simplicité et stabilité est confronté au défi de la complexité et de l’instabilité croissante : organisations aux frontières mouvantes et incertaines, perpétuel changement, environnement instable et hypercompétitif, crises et ruptures technologiques, etc..
Alors que les grandes entreprises ont tendance à utiliser une multiplicité d’outils de gestion plutôt sophistiqués au risque d’une perte de sens, les PME ou petites entreprises ont plutôt recours à des outils de gestion simples voire frustres (Chapellier, Dupuy, 2013), mais riches de sens (Eggrickx et al., 2014). De même, un hôpital à but non lucratif au Maroc a réussi un redressement spectaculaire avec des outils de gestion simples et pragmatiques : 4 à 5 indicateurs par processus, y compris pour la prise en charge du patient (Douma et al., 2019). Ces travaux invitent à explorer le paradoxe des outils de gestion, complexité de forme et perte de sens versus simplicité de forme et complexité de sens, ce qui renvoie aux travaux d’Edgar Morin invitant à concilier la simplicité et la complexité pour pouvoir faire face aux situations complexes.
Edgar Morin suggère plusieurs pistes pour penser et observer la complexité, ce qui peut aider à appréhender les interactions entre les outils de gestion, les acteurs et organisations. Ainsi, le paradigme de l’organisation « éco-auto-ré-organisation » (Morin, 1980 ; Le Moigne, 1990) constitue une voie possible pour penser ces interactions. Le modèle heuristique d’analyse des organisations (Gomez, 1996) issu de la théorie des conventions, par sa simplicité de forme, est aussi un puissant moyen pour pouvoir analyser les interactions entre les outils de gestion, les acteurs et organisations, et in fine les dynamiques organisationnelles.
Ces différentes perspectives invitent à explorer les propriétés d’un outil de gestion « médiateur » dans les organisations : simple dans sa forme mais faisant sens pour l’ensemble des acteurs.